348                       Les Spectacles dela Foire.
G AGNEUR (Pierre-Toussaint), né en 1733, acteur fo­rain, faisait dès 1753 partie de la troupe des danseurs de corde de Restier et s'y distinguait à la foire Saint-Germain de 1754 en exécutant k le Grand faut mortel du ruban en arrière de la hauteur de fept pieds». En 1762 il était attaché au spectacle de Nicolet, et en 1763 il était revenu chez Restier. En 1768, Gagneur était à la tête d'une troupe de sauteurs qui faisait ses exercices sur le boulevard du Temple, et en 1772 il était associé à Marie Valevaude, femme d'Antoine Travisani, directrice du spectacle des animaux.sur le même boulevard.
(Journal de Paris, 7 fevrier 1781.)
L'an 1772, le 16 décembre, onze heures du matin, en l'hôtel et par-devant nous Charles-Alexandre Ferrand, etc., eft comparue demoifelle Marie-Fran-çoife Bertaud, marchande lingère à Paris, époufe de fleur Pierre-Touffaint Gagneur, demeurant rue Jean-de-1'Ëpine, à l'hôtel du St-Efprit : Laquelle nous a rendu plainte contre le fleur Gagneur, fon mari, demeurant rue du Faubourg-du-Temple, paroiffe St-Laurent, et dit que, par le contrat de ma­riage paffé devant M- Gillet et fon confrère, notaires à Paris, le 25 novembre 1753, entre ledit Gagneur et ladite demoifelle Bertaud, il fut conftitué en dot à ladite demoifelle par fés père et mère la fomme de 1,500 livres en avan­cement d'hoirie de leur fucceflion, favoir : 858 livres 15 fols en meubles, uftenfiles de ménage, habits, linge et hardes à fon ufage, et 641 livres 5 fois que les fleur et dame Bertaud, fés père et mère, ont débourfées pour faire recevoir la plaignante marchande lingère à Paris : ledit contrat de mariage portant quittance de ladite fomme dc 858 livres 15 fols paffée par ledit fleur Gagneur et fon époufe en faveur des fleur et dame Bertaud, père et mère de Ia plaignante.
La plaignante, marchande lingère à Paris, en fe mariant avec le fleur Ga­gneur, n'avoit eu d'autre intention que de fuivre fon commerce avec fon mari ainfi qu'ils en étoient convenus expreffément enfemble. Le fleur Ga­gneur, bien loin de fe conformer à tout ce qu'il avoit promis à fa femme pour l'aider dans fon commerce, un mois après leur mariage Ja quitta et fut ha­biter avec une fille furnommée l'Hongroife, qui étoit de la troupe des bate­leurs du fleur Rellier, à la foire St-Germain. Un foir il prirfantaifie au fleur Gagneur d'amener chez lui fa concubine pour y fouper : la plaignante, fa femme, s'y oppofa, ne voulantpas admettre à fa table cette concubine ; le fleur Gagneur maltraita fa femme en la frappant et enfuite tirant fon épée contre elle, et après beaucoup de bruit et de fcandale, la querelle fe termina par l'enlèvement que fit le fleur Gagneur et fon frère, le capucin, qui étoit avec lui, des hardes et effets dudit fleur Gagneur qu'ils mirent dans une malle ct